L'OPUS DEI ET LA DIMENSION CRIMINELLE




L’Opus Dei et la dimension criminelle

témoignage français autour d’une enquête familiale


Estelle Jardin



Je viens de lire sur Opus Libros, le témoignage terrible de Josefina Hurtado. Il résonne fortement en moi,  m’émeut  particulièrement car malheureusement, j’ai vécu quelque chose d’assez approchant dans ma propre famille.


Mon père a été empoisonné aussi comme le sien (pas avec les mêmes produits), mais en France : et lui, il était surnuméraire. Il a été empoisonné parce qu’il voulait dénoncer un autre meurtre commis par l’OD quelques années plus tôt, meurtre déguisé en suicide : la pendaison d’un confrère et ami, surnuméraire comme lui. Ce surnuméraire avait découvert sans doute des opusiens mêlés à des malversations financières, juridiques, mais peut-être aussi à une très grosse affaire criminelle.

Mon père et son confrère étaient juristes. Ils avaient donc accès à certaines informations dans leur métier. Et ils étaient tous deux engagés surnuméraires à l’OD. C’est son confrère qui l’a certainement amené à devenir coopérateur puis surnuméraire. Avant que chacun d’eux y perde la vie.

Cette histoire tragique est tombée sur ma famille en mars 2005. Nous n’étions pas préparées à cela du tout : ni ma mère ni ma sœur ni moi.

Ma sœur et moi avions rompu tout contact avec notre père depuis 1996, à la suite de très graves violences intrafamiliales qui duraient depuis notre enfance jusqu’à Noël 90,  Noël qui incarnera un sommet en terme de violence subie. Entre 1990 et 1996, uniquement pour voir notre mère, nous passons ma sœur et moi quelques jours en été chez nos parents. Notre mère a quitté le domicile conjugal en 1997, pour les mêmes motifs de violence, sans pour autant divorcer. Elle et notre père étaient séparés de corps. Cet accord s’était conclu entre eux pour des raisons religieuses.

Nous sommes une famille classique française, catholique croyante et pratiquante, vivant dans un petit village dont notre père est un des notables, de par sa profession juridique. Maman vit au foyer, après avoir travaillé durant plus de 20 ans dans le même secteur d’activité que notre père.

La violence conjugale de mon père va très vite arriver dans leur couple, puis au sein de la famille. Elle est au départ essentiellement psychologique, s’exerce prioritairement sur notre mère mais peu d’années après ma naissance, elle devient de temps à autre physique puis sexuelle et s’exercera sur moi comme sur ma sœur. C’est une violence bien évidemment non dite. De l’extérieur, personne ne pourrait soupçonner ce qui se passe à la maison. Tout est caché sous un vernis bourgeois bon teint, très catholique, bien sous tous rapports.

Mais cette vitrine de bonheur artificiel devient insupportable plus les années passent, à mesure que notre père devient de plus en plus violent. Maman se réfugie dans la dépression chronique et les médicaments antidépresseurs, pour faire un mur étanche entre elle et notre père. Elle devient une sorte de zombie, dont il faut toujours prendre soin, qu’il faut sans cesse ménager et protéger. Ma sœur et moi, après avoir subi des violences irréparables, nous entrons en rupture deux ans ferme avec nos parents, sur avis médical (à l’époque les droits de l’enfant n’existent pas et les médecins négocient, dès lors que les parents auteurs des violences sont issus de la bourgeoise, une séparation complète entre 1988 et 1990).
La reprise des contacts sera extrêmement faible compte tenu de la violence de plus en plus régulière de notre père. En 1996, alors que je termine mes études et que ma sœur va quitter la région, nous mettons un point final à nos relations avec notre père. Notre mère, pour pouvoir continuer à nous voir et surtout, pour éviter de mourir sous les coups, partira au début de l’année 1997 et s’installera dans sa ville de naissance où elle a encore quelques cousins et amies.


Le meurtre :


C’est fin février 2005 que nous recevons un coup de téléphone d’un grand hôpital parisien, nous avertissant que notre père est hospitalisé dans un état très grave. Nous sommes sous le choc car nous n’avons plus de contact avec lui depuis 1996. Nous ne savons pas pourquoi il est hospitalisé, les médecins ne veulent pas trop nous dire ce qui lui est arrivé. Ils nous disent juste l’avoir pris en charge en urgence après une grave crise d’urémie, des vomissements, une insuffisance cardiaque, et l’avoir placé en coma artificiel. Nous apprenons dans les jours qui suivent qu’ ils parviennent à le sauver et le placent en service de soins intensifs. Les jours passent et il va de mieux en mieux. S’apprête à quitter le service des soins intensifs.

Mais le 19 mars 2005, à 19H, après une visite non autorisée d’un membre de l’Opus Dei, identifié comme tel par des personnels de l’hôpital, notre père meurt brutalement. Nous sommes prévenues le lendemain de sa mort et là, le médecin chef nous révèle que notre père est arrivé fin février du fait d’ un empoisonnement grave dû à un poison retrouvé dans sa nourriture, empoisonnement qui a provoqué des crises d’urémie, des problèmes cardiaques (il était diabétique) et que le visiteur non autorisé de l’OD l’a tué avec le même poison mais à dose plus forte, directement introduit dans l’intraveineuse qui l’alimente, le 19 mars aux alentours de 19H. Nous sommes effarées, ne comprenant pas comment une telle chose est possible et pourquoi.

Le visiteur meurtrier aurait attendu le changement par roulement des infirmières pour s’introduire dans la chambre et le service, sans autorisation.
En même temps, le médecin nous explique que si nous voulons porter plainte contre X pour meurtre, il signera l’autopsie, mais il refusera de témoigner ainsi que les personnels, témoins du meurtre. Parce qu’il a peur pour sa vie, celle des personnels mais aussi ne veut pas que l’OD, qui donne beaucoup d’argent à l’hôpital pour la recherche médicale, cesse son financement.

Cette nouvelle est terrible. Nous décidons de cacher momentanément tout cela à notre mère, car sa santé est fragile, elle est toujours dépressive chronique et elle peut rechuter à tout moment. Nous sommes cependant contraintes de lui apprendre le décès paternel. C’est un choc également pour elle. Même si c’est aussi un soulagement car son mari ne pourra plus ni la menacer, ni la violenter ni nous faire du mal. C’est une situation très ambigüe à vivre. Et pour nous les filles, c’est un poids supplémentaire à gérer. Une double peine imposée d’une certaine façon par notre père, jusque dans la mort.

 Nous prenons conseil auprès d’une politologue que je connais personnellement et qui connaît bien l’OD. Puis auprès de mon parrain, puis d’un de ses amis, avocat.
Tous nous conseillent de ne pas engager de poursuites judiciaires pour meurtre par empoisonnement, car nous n’avons pas l’argent  pour payer des enquêtes, alors que l’OD est très riche et peut s’en sortir, tout en nous volant en plus l’argent de l’héritage paternel. La politologue m’explique que l’OD est très procédurière, très avide d’argent, dispose d’un réseau juridique, financier très solide et que le procès peut durer 20 ans sans jamais aboutir, voire se retourner contre nous et surtout, nous ruiner.

 L’avocat nous explique également qu’en attendant, il faudra payer les charges, les impôts des biens immobiliers et que nous n’avons pas les moyens de pouvoir entretenir ces biens ni payer les charges. Donc encore moins d’avancer l’argent pour un procès.

Ma sœur et moi décidons donc de suivre leurs conseils.
Nous enterrons notre père sans porter plainte, la succession s’ouvre. C’est là que nous découvrons que notre père a un légataire universel, la Fondation Lejeune.

 Je comprends vite en faisant quelques recherches internet qu’il s’agit d’une fondation d’utilité publique, liée à l’Opus Dei et qui doit recevoir sans doute les testaments de nombreux numéraires et surnuméraires, ce qui permet à l’OD de ne pas apparaître comme héritière légataire mais aussi de ne pas payer de droits de succession pour obtenir les héritages. Cette fondation reçoit une dotation de l’état en plus pour la prise en charge des trisomiques. Et fédère déjà à l’époque tout un tas d’associations françaises et catholiques anti-IVG. Je découvre donc un centre névralgique du réseau catholique réactionnaire français, directement lié à l’OD.


Découvertes : le dossier caché


Ma sœur se rend peu après l’enterrement, accompagnée de mon parrain, dans notre maison familiale pour chercher dans différentes pièces, si notre père a laissé des indices, des documents, des dossiers sur l’OD qui expliqueraient son meurtre. Tous deux découvrent au fond d’un placard à secret, des dossiers sur différentes démarches juridiques qu’il faisait depuis des années.

Nous apprenons en épluchant les documents, que son confrère opusien que nous avions rencontré à plusieurs reprises lors de soirées mondaines, a été pendu par l’OD en 1998,  et que ce meurtre a été déguisé en suicide. Mais notre père a découvert que c’est l’OD qui l’avait tué, que l’OD avait mis en scène le meurtre pour le faire passer comme suicide, sans que les gendarmes tombent toutefois dans le panneau. Mais sans qu’ils puissent développer l’enquête, car freinés par le Ministère de l’Intérieur de l’époque.  En découvrant et apprenant tout cela, furieux, notre père aurait recherché les meurtriers, sans pour autant découvrir qui précisément appartenant à l’OD avait tué son ami, et il cherchait à dénoncer ce meurtre à la justice.

C’est la découverte paternelle de ce premier meurtre qui va pousser l’OD à agir contre lui.  L’organisation n’aura de cesse de le menacer, de lui chercher querelle professionnelle, personnelle.
Il sera surveillé, espionné, harcelé au téléphone, par courriers, menacé physiquement. Il a tout consigné dans différents courriers de ce dossier. Ainsi que les lettres d’appel au secours, adressées à des confrères et restées pour la plupart sans réponse ou réponse négative.

Peu avant le premier empoisonnement, l’OD l’avait fait convoquer au tribunal de Versailles pour le mettre en cause professionnellement alors que la faute incombait à son successeur.
Cette façon de procéder (pour l’acculer et l’intimider) n’avait pas suffi à lui faire peur. Il comptait révéler ce qu’il avait découvert tant à la police, qu’à la justice. Il avait commencé à en parler aux gendarmes locaux, à des amis et voulait aller plus loin. C’est du moins ce que nous avons appris progressivement en interrogeant les différentes personnes de son entourage. Il n’en a pas eu le temps puisqu’il a été une première fois empoisonné à notre domicile familial. Puis quelques jours après à l’hôpital.

Cette mort brutale d’un père qui avait été très violent avec nous, que nous avions fui pour lui échapper et qui avait été finalement tué par l’OD, nous l’avons très mal vécu.

Il a fallu se battre pied à pied contre la Fondation Lejeune qui représentait l’OD, pour éviter d’être spoliées de notre héritage.
Tout a été tenté par l’OD pour nous déposséder de notre part (vols successifs à la maison familiale, pour environ 100 000 euros de meubles, tableaux, bijoux),  récupérer celle de notre mère (l’OD avait présenté un faux certificat de divorce pour obtenir la part d’héritage de maman, heureusement rapidement démontré comme étant un faux), mais aussi pour nous harceler par voie téléphonique, courriers, pressions sur notre notaire,  sur notre avocat et surveillance physique (nous voyons encore régulièrement des voitures stationnées près de nos domiciles ou surveillant nos allées et venues entre lieux travail et domicile). C’était très éprouvant.
C’est moi qui ai géré avec notre avocat et deux notaires sûrs,  ce durant 5 ans, ce dossier épineux de succession, mais qui ai aussi enquêté personnellement pour comprendre un peu mieux pourquoi notre père était rentré comme surnuméraire à l’OD, comment, et pourquoi l’OD l’avait tué et tué son confrère.

L’enquête :

Je voulais comprendre ce qui s’était vraiment passé. J’ai donc mené l’enquête, toujours pas terminée à ce jour, principalement par internet et par la lecture d’ouvrages historiques, sociologiques, de chroniques judiciaires. Mais aussi en faisant de la veille informatique sur différents sites opusiens et amis de l’OD.

J’ai fini par découvrir pas mal d’informations, non pas liées à la mort de mon père et celle de  son confrère, mais liées au fonctionnement de l’OD et ses comportements dans différents pays du monde au travers de l’histoire espagnole, des pratiques criminelles espagnoles avant Primo de Rivera puis après et sous Franco.

J’ai compris alors que cette dimension criminelle, ces meurtres, étaient quelque chose de logique dans la structure telle que conçue par Balaguer dans le contexte espagnol de la fin des années 20. 

Et  j’ai appris que ces meurtres étaient souvent ritualisés, liés à des fêtes religieuses mais aussi probablement opérés pour certains, par des adeptes surnuméraires ou numéraires eux-mêmes.

Mon père a été assassiné le jour de la St Joseph. Cette date, je l’ai appris rapidement, correspond à la date où l’OD chasse ou accueille un nouvel adepte. Cette date donc n’a pas été choisie par hasard. Elle correspond à un symbole fort. Mon père a donc été tué comme traître à l’OD.

Le choix de l’empoisonnement ne doit sans doute rien au hasard non plus.

Le choix de la mort par pendaison de son confrère en 98, doit correspondre à un autre symbole fort.

Lesquels ? Je ne sais pas. Mais j’ai appris que dans ce type d’affaire criminelle, tout élément a son importance.

J’ai découvert à l’ occasion de mon enquête, les grands meurtres liés indirectement à l’OD depuis les années 70: l’affaire Matesa, l’affaire de Bröglie, l’affaire Ambrosiano.
Chacune de ces affaires, offre un meurtre très ritualisé, très réfléchi et mis en scène également.
Exactement comme des meurtres de tueurs en série.
L’idée est, semble-t-il, de terroriser les adeptes qui seraient tentés d’imiter par la révolte, ceux qui ont été assassinés. Mais aussi de faire des exemples.

A l’époque de mes premières recherches, je repense à un film américain, daté de 1995 avec Brad Pitt, Seven, qui met en scène un psychopathe qui réalise différents meurtres illustrant les 7 péchés capitaux.
Je trouve ce scénario très proche des procédures opusiennes. Mais aussi proche des méthodes criminelles mafieuses italiennes et siciliennes. Ce qui d’ailleurs vaudra son surnom à l’OD de Sainte Mafia.

Il y a quelques années, à la faveur de recherches sur Escriva de Balaguer, je découvre qu’il avait un ami cardinal, un certain Soldevilla, et que ce cardinal avait dans les années 20 avec le général Martinez Anido, financé, formé et armé un groupe de miliciens ultra catholiques (issus du haut patronat espagnol -propriétaires terriens, banquiers et industriels) pour terroriser, torturer et tuer des ouvriers, leurs familles, des syndicalistes, des anarchistes espagnols. Ce groupe s’appelait les Pistoleros.
L’assassinat du cardinal Soldevilla  par deux milices syndicalistes opposées « los Justicieros » et « los Solidarios », puis le coup d’état de Primo de Rivera en 1923, sonneront la fin du pistolérisme et de ces assassinats.

Mais je pense depuis déjà quelques années, que Escriva de Balaguer, choqué par l’assassinat du cardinal Soldevilla, inspiré fortement par ces méthodes criminelles, a décidé de former sa propre milice pour contrer toute révolte et toute opposition, toute contradiction. La dictature franquiste lui donnera sans doute l’occasion de pouvoir créer cette milice qu’il mettra je pense dans un premier temps, au service des intérêts franquistes, puis rapidement au service des intérêts propres à l’OD et enfin, au service du Vatican. Je pense personnellement que c’est cette activité de milice secrète qui lui permettra d’obtenir une prélature.

Au regard de ce qu’explique Josefina et de ce que j’ai pu comprendre lors de mon enquête, il semble que cette milice existe dans chaque pays où l’OD est installée. Elle est là comme un tribunal d’inquisition pour menacer, punir et liquider éventuellement des opusiens qui en savent trop sur des sujets qu’ils ne devraient pas connaître.

Cette milice me semble être sous le contrôle des plus hauts surnuméraires et numéraires mais aussi sous la protection de hauts prélats de l’Église catholique romaine, favorables ou liés par leur famille à l’Opus Dei.

En France, le  haut prélat qui est directement lié à l’Opus Dei, c’est le cardinal Barbarin. Une de ses sœurs est haute numéraire depuis de très nombreuses années. Il va régulièrement la voir.

Il prononce un discours au centre Garnelles à Paris, le 9 mars 2005, dix jours avant le meurtre paternel.

Simple coïncidence sans rapport ? J’ai de gros doutes à ce sujet. Et beaucoup d’interrogations sans réponses.

J’ai appris au fil du temps que l’OD est très cléricalisée. Tout le pouvoir opusien est entre les mains des clercs. Rien ne se produit sans autorisation cléricale.
Si l’OD dépend directement du pape depuis la prélature donnée par JP2, je pense toutefois que chaque projet important, chaque décision importante pour la vie et les intérêts de l’Oeuvre dans chaque pays, sont communiqués au chef de  l’épiscopat catholique. Qui donne au moins son avis, surtout si le chef de l’épiscopat est lié au plan familial à l’OD. Cette information permet à l’OD de pouvoir éventuellement compter sur des appuis religieux extérieurs à l’Oeuvre en cas de problème. Donc également lui permet d’avoir un poids et une influence sur certaines décisions épiscopales (nominations d’évêques, de prêtres sur différents diocèses).
Ce poids est encore accentué si l’OD dispose de relais politiques, ministériels, bancaires, industriels.
Ce qui est le cas en France depuis les années 50 environ, d’après l’enquête que j’ai menée et les informations que j’ai trouvées.


Alors que dire de plus ?

D’abord qu’hélas, ce type de meurtre n’est pas exceptionnel. Et fait sans doute partie depuis très longtemps du fonctionnement opusien.

Pourquoi de tels crimes ?
Pour la plupart du temps cacher des malversations financières, assurer la protection de personnalités  religieuses, d’opusiens implantés dans le monde de la finance, de la justice, de la politique, du monde industriel, liés à des affaires criminelles qui pourraient entacher la réputation de l’Oeuvre, provoquer sa destitution mais aussi  entacher  la réputation et l’image de l’Église Catholique Romaine.

C’est du moins l’analyse que j’ai faite du phénomène au cours de mon enquête.

Par delà le meurtre de mon père, celui de son confrère et ami, je me suis intéressée également à une grosse affaire criminelle locale qui a défrayé la chronique judiciaire nationale durant près de 30 ans et qui a impliqué notables, politiques, juristes. Et qui n’est toujours pas complètement dévoilée encore aujourd’hui. Il reste beaucoup de zones d’ombre, notamment en ce qui concerne l’implication de notables, de personnalités politiques et juridiques, dont des personnalités membres de l’Opus Dei.

Je n’ai à ce jour aucune preuve qu’il existe un lien entre les meurtres de mon père, de son confrère par l’OD et cette énorme affaire criminelle française. Mais j’ai des doutes, au regard de ce que j’ai appris du fonctionnement de l’OD en Espagne, en France, au Chili, ainsi que des affaires criminelles les plus connues au plan international et liées pour partie à l’OD.

Ce qui me frappe, c’est que l’OD fonctionne depuis ses débuts, de façon à répliquer les instances, les procédures déjà appliquées en Espagne. Si la législation est différente dans chaque pays, elle adapte ses comportements pour parvenir aux mêmes résultats, en donnant les mêmes noms aux associations, aux projets qu’elle met en place.
Concernant les meurtres, je pense que l’organisation procède exactement de la même façon, peu importe le pays. Et je pense aussi que chaque type de meurtre est codifié suivant le problème que constitue l’adepte, le coopérateur qui veut se rebeller et dénoncer des crimes, des délits. La pendaison, l’empoisonnement, le meurtre par arme à feu, tout est choisi minutieusement.
Concernant les exécuteurs, je pense qu’ils diffèrent suivant les circonstances. Soit des petits malfrats payés occasionnellement pour cela, soit des membres opusiens qui font partie de la milice et qui doivent des services.

C’est à cette conclusion que je suis parvenue en comparant les différents meurtres connus liés à l’OD.




Conclusion :


A présent, je voudrais assurer de tout mon soutien, ma compréhension de l’horreur qu’a dû vivre Josefina.
Je sais pour avoir vécu quelque chose d’approchant, à quel point c’est douloureux, atroce. D’autant plus quand il s’agit d’un parricide, opéré par un frère biologique. C’est particulièrement terrible.
Et c’est là que l’on voit à quel point l’OD lobotomise ses adeptes, les incitant à commettre le pire.
Peu importent les liens familiaux. L’OD a remplacé la famille originelle, tant au plan qu’affectif que structurel. Du coup, quand les meurtriers tuent des membres de leur propre famille biologique, ça doit être comme s’ils tuaient quelqu’un d’extérieur à eux. Ce qui est particulièrement atroce.
Et qui n’est pas sans rappeler les meurtres familiaux demandés aux enfants soldats par des groupes terroristes, des groupes armés dans certains pays, pour s’assurer de leur loyauté.

 Ce qui me frappe également quand je pense à tout cela, c’est que la violence des hommes est toujours justifiée par l’OD. C’est une constante. La violence conjugale et intrafamiliale ne constituent pas un péché pour l’OD, mais un droit de correction paternelle, fraternelle et conjugale (comme c’était le cas encore jusqu’au début du 20ème siècle en Europe).

Dans ce cadre, on se retrouve plongé 80 ans en arrière, à l’époque où les pères, les maris, les frères ont pouvoir de vie et de mort sur leurs épouses, sœurs, et leurs enfants. Je trouve cela particulièrement effrayant, inquiétant. Et je ne comprends pas comment une organisation catholique qui se prétend guidée par l’évangile, puisse faire fi des droits fondamentaux des femmes, des enfants.


La seconde chose que je voudrais exprimer, c’est que malgré le meurtre paternel, tout ce que j’ai découvert après, tout ce que j’avais subi avec ma mère et ma sœur de violence intrafamiliale avant, je suis restée croyante, pratiquante, ma sœur et ma mère également.
Sans doute parce que notre foi catholique est liée non à la religion, mais à une vie spirituelle personnelle intense, nourrie par une approche relationnelle, amicale, professionnelle en lien avec des valeurs christiques.
Pour nous, Dieu, Jésus n’ont rien à voir avec ces agissements criminels,  ni avec ces groupes qui tentent d’avoir un contrôle totalitaire sur les croyants en prétendant agir sur ordre divin.
Pour moi, leurs agissements sont criminels et le fait d’imposteurs, de manipulateurs et de sociopathes.

Ce qui a été le plus dur pour moi (mais aussi pour ma sœur et ma mère) psychologiquement, affectivement, moralement, c’est devoir au travers de la succession, de cette enquête, défendre mon père que je considère criminel autant que l’OD qui l’a assassiné.

Je considère le fait d’avoir eu et d’avoir toujours à supporter ce fardeau comme une atteinte criminelle et abusive supplémentaire. Une sorte de sommet particulièrement pervers et ultra violent. Ma sœur voit cela aussi de cette façon. Durant ces cinq ans de bataille juridique, ce fut un énorme boulet, une double peine qui a non seulement réveillé de très douloureux souvenirs, mais aussi freiné, bloqué des tas de projets personnels...sans parler dépenser une énergie folle...

Et le pire de tout, est que nous savons que nous porterons ce fardeau toute notre vie.
Avec toujours la crainte que l’OD s’en prenne physiquement à nous ou à des membres de notre famille. Parce que nous connaissons l’envers du décor opusien. Parce que nous savons beaucoup de choses sur l’OD, sur ses agissements, sur ses crimes, sur son fonctionnement (autre que celui qu’elle présente au public et aux croyants et même différent de ce que la presse même informée, présente).

Mais malgré la peur, ma sœur et moi ne pouvons rester silencieuses.
Cette expérience traumatisante, une de plus, nous aura appris qu’il est important de parler, d’échanger sur le sujet avec d’autres croyants, mais aussi d’alerter de façon citoyenne. Trop de gens ignorent encore jusqu’où l’OD peut aller pour disposer de toujours plus d’argent, de pouvoir et d’emprise sur les individus.
Il faut donc faire un véritable travail d’éducation populaire, donc un travail d’éducation politique pour permettre aux gens de savoir tout ça, de prendre la mesure de cette dimension criminelle, travail critique et historique qui n’est absolument pas fait au sein de notre catholicisme. Ce n’est pas l’usage.

Parce qu’un croyant n’est pas là pour interroger les réelles motivations et les objectifs du clergé sensé le guider vers Dieu. Parce qu’il n’est pas correct de mettre en doute la sainteté d’une institution religieuse.
Pourtant, même le déni, le refus d’interrogation, finissent par avoir leurs limites.

Depuis 20 ans, de plus en plus d’affaires criminelles impliquant prêtres, Vatican, pape, saints, communautés religieuses, défraient la chronique média. Ces faits ne sont pas marginaux malheureusement et ne sont pas des ragots sans objets, mais des faits avérés. Avec des victimes directes, jeunes, enfants, adultes. Et des victimes indirectes : familles, principalement.

Ces faits dont le récit occupe de plus en plus de colonnes dans nos journaux, sont simplement plus facilement dénoncés qu’avant.  Car ces viols d’enfants, ces malversations financières ont toujours existé. Depuis les débuts du catholicisme romain. Ils étaient seulement plus dissimulés, car durant pas mal de siècles, de décennies, les états même laïcs utilisaient les institutions catholiques pour gérer des affaires sociales, éducatives et même en partie judiciaires (prise en charge d’enfants en difficulté dans des colonies pénitentiaires, couvents-prisons des années 1840 aux années 1970). Il était donc hors de question que l’Église soit inquiétée par la justice, sauf cas particulièrement sordides. Depuis la prise en charge laïque et hors contrôle clérical de tout un pan des affaires sociales, l’Église ne dispose plus des appuis de pas mal d’états. Elle doit donc faire face seule au plan judiciaire, juridique et affronter les victimes. Des victimes qui ont de moins en moins peur de dénoncer les violences et les crimes religieux.

Sans compter que les anciennes victimes poussent les états à reconnaître leurs crimes et leur complicité criminelle avec l’Église dans certaines affaires. Ce type de réaction et de contexte change énormément la donne pour l’Église.

L’institution cléricale catholique romaine a donc perdu en pouvoir, en emprise autoritaire, à mesure que les humains de chaque pays ont pu disposer d’un socle éducatif suffisant pour exercer leur libre-arbitre, s’informer, lire et comprendre les contradictions, dénoncer les manquements et les situations graves, contraires aux droits humains fondamentaux, contraires à l’évangile. Malgré une restauration autoritaire vaticane via JP2, B16, l’utilisation des groupes communautaires de la Nouvelle Evangélisation pour capter une jeunesse catholique bourgeoise qui menaçait de s’échapper hors du moule traditionnel clérical, la société humaine catholique, prend peu à peu conscience de la dimension criminelle très ancienne de l’institution cléricale catholique romaine, mais aussi de celle tout autant criminelle de différentes structures contemporaines religieuses dérivantes, comme l’OD,, comme la Légion du Christ, comme le Chemin Néocatéchuménal, comme le Renouveau Charismatique, etc, etc.

Grâce à internet, beaucoup de croyants découvrent tout comme moi, des tas de crimes très anciens, commis par l’Église catholique romaine mais très peu connus des croyants. Souvent parce que l’Église les a tus, cachés, mais aussi parce que l’Église a réécrit l’histoire de ces crimes, les a relativisés également, pour pouvoir rapidement canoniser, béatifier différentes personnalités utiles à sa promotion.

Le changement du modèle social familial dans pas mal de pays occidentaux, passant du modèle patrilinéaire (avec le père/mari omnipotent, omniscient, régnant en patriarche sur le reste de la famille totalement soumise) au modèle de la famille nucléaire égalitaire (autorité conjugale et parentale partagée) participe à changer les mentalités : lentement mais sûrement.

A partir de ces changements, il devient plus facile de contester, dénoncer crimes, violences ; qu’elles s’opèrent dans le cadre familial comme professionnel, scolaire, religieux, militaire.
Tout comme il devient plus facile pour les victimes de pouvoir surmonter ces traumatismes grâce à l’éventail large thérapeutique proposé par la psychiatrie et à des soutiens associatifs, juridiques.
Si tant est bien sûr, que les victimes s’emparent de ces outils thérapeutiques et travaillent avec des professionnels assermentés et non inféodés à l’OD ou à d’autres groupes sectaires.


Enfin, malgré toutes ces horreurs subies, je voudrais dire à Josefina qu’on peut s’en sortir et vivre une vie heureuse. Qu’on arrive à surmonter tout cela.  Mais il faut de l’aide. Judiciaire, juridique, des thérapies psy pour verbaliser, traiter et dépasser le stress post traumatique généré par ces meurtres, ces violences, ces situations d’oppression et d’angoisse. Mais il faut aussi un fort soutien familial, amoureux, amical, relationnel, professionnel. Tout cela est très important et participe à notre reconstruction.

Alors Josefina, je vous souhaite vivement tous ces soutiens et de pouvoir tout comme moi, ma sœur vous reconstruire et vous vivre heureuse, malgré tout.

Aujourd’hui, j’ai une vie heureuse de couple et de famille.
Je fais un métier que j’aime profondément, même si précaire et modeste. Ce travail donne du sens à ma vie autant que mon couple et ma petite famille.
Et j’essaie à mon tout petit niveau, d’aider, de réconforter celles et ceux qui traversent de semblables épreuves. Il était donc important que je témoigne à votre suite.

Pour vous dire que vous n’êtes pas la seule à avoir vécu un meurtre familial lié à l’OD. Et que je suis de tout coeur avec vous. Qu’il faut effectivement dénoncer ces agissements opusiens criminels, graves, qui menacent n’importe quel numéraire ou surnuméraire sans que la plupart en aient conscience. Il faut raconter tout cela pour que toutes ces horreurs s’arrêtent, ne gâchent plus la vie d’aucune famille catholique.



Depuis quelques années, je témoigne anonymement en France sur deux forums catholiques qui dénoncent des situations graves au sein du catholicisme français. Je trouve cette démarche très importante, très saine aussi. Elle constitue une alerte pour protéger et mettre en garde des catholiques qui seraient tentés d’entrer à l’Opus Dei ou dans des groupes catholiques similaires.

Contrairement à vous, je n’ai pas entamé de démarche pénale du fait du contexte et d’une situation familiale et matérielle difficiles. Le crime sur mon père est donc resté impuni.

Mais au moins, ce meurtre m’a permis de prendre conscience de tout un pan sombre, criminel complètement caché, tu par l’OD mais aussi par le clergé catholique.
J’ai découvert des tas d’affaires criminelles liées à l’Église Catholique en France, au Vatican, et pas que liées à l’Opus Dei. Ces découvertes m’ont fait comprendre beaucoup de choses que j’aurais ignorées, méprisées avant, pensant qu’elles n’étaient que des ragots anticléricaux.

Plus j’avance dans mon enquête et plus aussi je comprends les raisons qui fondent l’union de l’OD avec le Vatican, avec l’autorité papale. L’OD protège le système vatican de poursuites pénales internationales depuis très longtemps. Et en échange, le Vatican protège l’OD des mêmes problèmes.

Cette protection mutuelle est très importante pour eux, dans un monde de plus en plus informé et avec une population citoyenne (au moins occidentale) qui est plus éduquée scolairement que par le passé, qui a plus accès à l’information, et qui commence seulement depuis une vingtaine d’années, à s’interroger mais aussi à contester et dénoncer des crimes, des violences, des abus commis par les classes sociales dirigeantes autant que par des responsables religieux institutionnels.

Habitués que sont clercs, hauts numéraires et hauts surnuméraires à un système d’impunité totale, à exercer une emprise totalitaire sur les personnes, à être dans l’abus systématique, il est (pour le Vatican comme pour l’OD) tout à fait impensable d’être arrêtés et punis au pénal pour ces pratiques criminelles. Mais comme le personnel principal du Vatican vieillit, l’institution a besoin d’un organisme plus jeune, plus vaillant pour trouver d’autres parades pour perpétuer l’impunité criminelle cléricale que ce soit au plan financier, sexuel ou psychologique.

Face à cette grosse machine à broyer les individus qu’est devenue l’OD au fil des ans, depuis sa création et puis celle de ses filiales dans différents pays du monde, nous sommes si petites et si marginales, Josefina.
Mais notre parole, notre témoignage peut aider un tout petit peu à protéger des catholiques sincères, mais aussi à avertir les croyants, et à sortir du silence et de l’impunité des affaires criminelles graves.
La peur doit cesser. Le silence également. Car notre silence sert les intérêts de l’OD, dont ses intérêts criminels. Et cela est insupportable. Tant d’un point de vue moral que religieux, qu’humain tout simplement.

Ces meurtres, celui de votre père, celui du mien et celui de son confrère, je voudrais qu’ils soient les derniers commis par l’OD. Que plus une famille ne vive de tels drames, de tels tourments. Personne ne mérite de vivre de telles horreurs.

J’ai bien conscience en écrivant cela que c’est un vœu naïf. Mais j’espère vraiment qu’à la lecture de nos témoignages respectifs, différents croyants, anciens de l’OD comme familles d’opusiens, prendront peu à peu la mesure de l’impact criminel que peut avoir l’OD dans une vie familiale, dans la vie religieuse aussi. Et que cela n’est ni digne de Dieu ni de Jésus.
J’espère vivement que beaucoup de croyants réaliseront que ces violences criminelles doivent cesser. Autant que doit cesser la pédophilie cléricale dans l’Église catholique romaine.

Si des clercs et hauts clercs, des laïcs pensent que la survie de l’institution catholique romaine suppose le prix de vies broyées d’enfants, d’ados réduits à être des objets sexuels de prêtres et religieux pédophiles ;  mais aussi que la survie institutionnelle cléricale  passe par les meurtres de croyants ayant découvert des activités cléricales criminelles, je crois sincèrement qu’ils sont dans l’erreur la plus totale et ne peuvent plus se réclamer de Dieu. Ils peuvent seulement se réclamer de leurs seuls appétits de pouvoir, d’argent et d’emprise totalitaires qui relèvent d’une ambition dévorante et d’un ego démesuré, ainsi que du fantasme infantile de toute-puissance.

Personnellement, je sais que je ne saurai sans doute jamais qui au sein de l’OD a réellement tué mon père et son confrère. Mais ce n’est pas cela qui me soucie le plus en réalité.

Ces criminels qui ont agi sur ordre s’arrangeront avec leur conscience s’ils leur en reste une et devront en répondre au moins devant Dieu un jour. 

Ce qui me soucie, c’est que ce type de meurtre peut se reproduire ailleurs, peu importe le pays où l’OD est implantée. Et rien que cette pensée m’angoisse pour les familles qui seront tout comme nous éprouvées.

Je voudrais pouvoir contribuer par ce témoignage, à faire que plus jamais des croyants vivent le meurtre d’un parent lié à l’OD.  Ces crimes sont trop graves. Et portent atteinte gravement à la crédibilité et à la sainteté de l’Église, dont pourtant l’OD se prétend l’élite et gardienne valeureuse et chevaleresque.

Je voudrais terminer ce témoignage par un cantique français que nous chantons à l’église encore aujourd’hui en France, et qui depuis mon enfance, m’a beaucoup aidée et m’aide encore à garder courage et espoir dans les difficultés, les souffrances . Je vous l’offre à tous et à toutes aujourd’hui, à vous aussi Josefina, avec toute ma sororité, mon affection, mon soutien. Puisse-t-il vous aider à avancer, à surmonter les difficultés, les douleurs et à trouver votre chemin dans la paix et la joie.

Merci d’avoir pris du temps pour me lire. Et plein de courage à vous tous et toutes qui luttez pour dénoncer les violences subies dans le cadre opusien.

Estelle Jardin



Ta nuit sera lumière de midi  (Jo Akepsimas et Mannick)

1 - Si tu dénoues les liens de servitude
Si tu libères ton frère enchaîné
La nuit de ton chemin sera lumière de midi
La nuit de ton chemin sera lumière de midi
Alors, de tes mains, pourra naître une source,
La source qui fait vivre la terre de demain
La source qui fait vivre la terre de Dieu.

2 - Si tu partages le pain que Dieu te donne,
Avec celui qui est ta propre chair,
La nuit de ton amour sera lumière de midi
La nuit de ton amour sera lumière de midi
Alors, de ton cœur, pourra sourdre une eau vive
L'eau vive qui abreuve la terre de demain
L'eau vive qui abreuve la terre de Dieu.

3 - Si tu détruis ce qui opprime l'homme
Si tu relèves ton frère humilié
La nuit de ton combat sera lumière de midi
La nuit de ton combat sera lumière de midi
Alors, de ton pas, pourra naître une danse
La danse qui invente la terre de demain
La danse qui invente la terre de Dieu.

4 – Si tu dénonces le mal qui brise l'homme
Si tu soutiens ton frère abandonné,
La nuit de ton appel sera lumière de midi
La nuit de ton appel sera lumière de midi.
Alors, de tes yeux pourra luire une étoile,
L'étoile qui annonce la terre de demain,
L'étoile qui annonce la terre de Dieu.

5 – Si tu abats les murs entre les hommes
Si tu pardonnes à ton frère ennemi
La nuit de ta passion sera lumière de midi
La nuit de ta passion sera lumière de midi
Alors de ton pain pourra vivre une Eglise,
L'Eglise qui rassemble la terre de demain
L'Eglise qui rassemble la terre de Dieu.








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